La mauvaise note d’Evernote
Evernote, l’une des applications pionnières dans la prise de note partagée (et synchronisée entre plusieurs appareils et collaborateurs) est en grave difficultés financières, au point que le service pourrait purement et simplement faire faillite et disparaitre.
Comment en est-on arrivé là, alors que l’app compte quand même encore 225 millions de membres enregistrés (qui ne sont certainement pas tous utilisateurs actifs) ?
Probablement suite à quelques erreurs stratégiques, notamment au niveau de la tarification à géométrie variable. Mais certainement surtout parce-que quand Evernote s’est lancé, en 2007, rien ou presque n’existait dans le domaine pourtant assez basique et simple de la prise et du classement de notes en ligne. Evernote a donc prospéré sur ce terrain fertile et peu concurrentiel, suite entre autres à un bouche à oreille très positif de la part des geeks et early adopters.
Puis est arrivé l’iPhone et son utilitaire de prise de notes hyper simple, intégré, et qui se synchronisait de diverses façons (Gmail, iCloud). Ont suivi OneNote de Microsoft, puis Google Keep, et le vent a commencé à tourner pour Evernote, d’autant que les applications concurrentes, certes plus basiques, étaient entièrement gratuites. Puis l’application Notes d’iOS s’est étoffée au fil du temps, intégrant de plus en plus de fonctionnalités pratiques, ergonomiques et pertinentes comme Apple sait les concocter.
225 millions d’utilisateurs et peu de profits
Aujourd’hui, les cadres d’Evernote quittent le navire et la société cherche a lever des fonds pour se sauver. Il parait cependant surréaliste qu’une entreprise comptant 225 millions d’utilisateurs soit incapable de dégager de juteux profits, surtout pour éditer une application somme toute assez simple.
De quoi cette faillite annoncée est-elle le symbole ? Deux choses à mon humble avis : d’une part le fait qu’il est devenu de plus en plus difficile de lancer et pérenniser une affaire dans le numérique tant on est exposé au risque que Google ou un autre s’empare un jour du marché convoité et vous tue en quelques jours. D’autre part, du train de vie certainement démesurément fastueux des startups californiennes, dont certaines passent un peu trop rapidement du stade agile au stade obèse.
Nombreux seraient certainement les développeurs dans de petites structures qui arriveraient à gagner de l’argent avec une application de notes comptant dix, voire cent fois moins d’abonnés qu’Evernote…